Crédits photo : Matchroom boxing
©Mark Robinson Photographie Ltd
LA
MENTALITÉ
DE CHAMPION
INTERVIEW AVEC MAÏLYS GANGLOFF
MAÏLYS GANGLOFF est une boxeuse professionnelle Française avec un palmarès de 6 victoires, 3 défaites et 22% de KO. Elle est ex-championne de France poids coq. Ses deux combats majeurs sur Dazn ont fait honneur à la boxe féminine mondiale.
Dans son premier combat très médiatique, Maïlys a bravement affronté Ellie Scotney, de deux catégories de poids supérieur, et s’est inclinée avec honneur aux points, tandis que Scotney s’essoufflait sans succès à la mettre KO. A la suite de quoi, Scotney a déclaré que Mailys était “une vraie dure à cuire”.
Pour sa deuxième expérience marquante, Mailys a affronté Ebanie Bridges dans un combat mémorable qui s’est terminé par une décision fortement controversée. Nombreux sont les commentateurs sportifs et fans qui se sont indignés et ont demandé un rematch, clamant que Maïlys avait été sévèrement volée de la victoire.
Découvrez la mentalité de la guerrière au caractère bien trempé : Maïlys Gangloff.
INTERVIEW
À ce moment de ta carrière, quel a été ton meilleur combat ?
Je dirais mon combat avec Ebanie Bridges, parce que c’est celui qui m’a le plus apporté en termes de visibilité, et j’étais mieux préparée que pour mon combat avec Ellie Scotney. Mais le Championnat de France me tient particulièrement à cœur, car j’avais alors des problèmes d’ordre contractuel avec mon entraineur qui me suivait depuis toute petite et j’ai dû partir aux Championnats de France avec lui alors que la rupture était déjà consommée. J’étais donc un peu toute seule ce jour-là mais j’ai fait le choix d’y aller, pour pouvoir potentiellement gagner une ceinture de Championne de France et j’ai gagné par TKO. C’était une très belle victoire, parce que pendant deux mois je me suis entraînée toute seule, j'ai travaillé dur, et j'ai gagné parce que je le méritais, parce que j’ai affronté tout ce qui m’était tombé dessus en quelques mois.
D’un point de vue émotionnel, c’est ce combat qui m’a le plus apporté. J’ai pris les difficultés de front et je me suis dit "je vais y aller quand même, je n’ai rien à perdre". Et effectivement j’ai tout gagné.
LE MENTAL COACH CORNER
C’est parfois bien d’être l'outsider. On est moins sous pression parce qu’on n’a rien à perdre. Cela vous permet de sentir qu'il y a moins de choses en jeu et de donner le meilleur de vous-même pendant la compétition. Ne pas être stressé par un challenge, mais l’accepter est l’une des choses les plus libératrices et exaltantes qu’un athlète peut faire, et il faut du courage pour le faire.
Comme le disait le célèbre entraîneur de Mike Tyson : « Quelle est la différence entre un héros et un lâche ? (…) Aucune différence. Seulement ce que vous faites. Ils ressentent tous les deux la même chose. Ils ont tous les deux peur de mourir et d’être blessés. L’homme qui a la trouille refuse de faire face à ce qu’il doit affronter. Le héros est plus discipliné, il combat ces sentiments et il fait ce qu’il a à faire. » Avoir une "mentalité de combattant", quel que soit votre sport, est quelque chose qui peut se développer avec votre Mental Coach
Quelles étaient les pensées qui tournaient dans ta tête pendant ton combat contre Ellie Scotney ?
Lors de mon premier combat sur Dazn, avec Ellie Scotney, il y a plusieurs choses qui se sont passées où je me suis dit ouh la la, ça c’était pas prévu ! Tout allait mal et je suis arrivée au 1er round avec une fille qui était plus grande que moi. Jamais une femme ne m’avait tapé si fort et j’étais vraiment sous le choc au 1er round, car jamais quelqu’un ne m’avait roulé dessus, comme elle l’a fait. Personne n’avait eu un ascendant sur moi. Jamais. J’ai toujours perdu aux points.
Normalement c’est moi qui agresse la fille en face et là c’était l’inverse. Je me suis posé beaucoup de questions. Quand je suis revenue dans mon coin, on ne voit pas l’état émotionnel dans lequel j’étais après ce premier round. En fait, je suis repartie dans un 2ème round sans avoir le temps de dire là c’est dangereux, il faudrait qu’on arrête. Mon coach m’a juste dit allez, c’est reparti, on y retourne.
Et finalement comme Ellie Scotney voulait me casser, elle a tout donné au 1er round, et après elle a commencé à partir en vrille, elle a dû se dire “mais comment ça se fait que cette fille est encore debout ?!” et de ce fait je pense qu’elle était dépitée, et après ça allait vachement mieux pour moi.
Mais c’est vrai que le 1er round, Ça m’a mis une claque mentalement et je n’ai pas réussi à reprendre confiance parce qu’elle avait un ascendant physique que je ne pouvais pas compenser.
J’avais une envie de vomir, une montée de stress, je pensais “ok j’ai failli me faire tuer. Je ne comprends pas. Qu’est ce qui m’arrive ?”. Je n’étais pas lucide pour faire de la tactique à ce moment-là. J’ai dit à mon coach passe la bassine et il m’a dit ben non tu ne vas pas vomir et alors j’ai fait sans (rires). De cette façon, il a un peu replacé le cadre. Tout va bien aller. Il a tellement normalisé ce que je venais de vivre que j’ai rationalisé ça aussi, et je me suis dit bon ça ne devait pas être si grave que ça. Si, au contraire, il avait paniqué, ça m’aurait paniquée davantage.
LE MENTAL COACH CORNER
Même les meilleurs athlètes peuvent perdre confiance et commencer à douter de leurs compétences quand ils font face à une adversité inattendue et quand la situation se transforme en un pur chaos. Ou, pour le dire plus franchement, comment gardez-vous votre sang-froid lorsque les choses tournent mal? Votre mental coach est là pour vous aider à gérer la pression, à vous recentrer, et pour développer des stratégies d’adaptation pour faire face à vos pires scénarios catastrophes.
Un match de boxe, comme beaucoup d’autres sports, peut devenir un affrontement psychologique : vous pouvez faire tourner la chance, compenser un désavantage physique, et remporter la victoire, si vous pouvez rester mentalement fort et prendre l’avantage psychologique.
C’était donc la 1ère fois que tu étais confrontée à quelqu’un de plus fort que toi physiquement ? Tu savais que tu partais avec des désavantages FACE A ELLIE SCOTNEY. En conséquence, est-ce que tu avais préparé une stratégie mentale pour renforcer tes avantages ?
Oui, c'était la première fois que je rencontrais un adversaire plus fort physiquement et techniquement. Et comme mon seul truc c’était le physique et que j’étais face à quelqu’un de plus physique, je n’avais juste pas d’issue et ça a été un très mauvais moment.
Je n'avais rien prévu. Parfois avec Ellie Scotney on se dit pourquoi je remise pas, mais c’est parce que je suis sur ma jambe arrière et je n’ai ni le temps ni la force de revenir. Elle envoyait des impacts si forts que j’avais un mouvement de recul à chaque fois, ce qui faisait que je perdais du temps pour revenir. 1 micro seconde de retard en boxe, c’est énorme, ça fait que tu ne toucheras pas ton adversaire. Alors qu’avec Ebanie Bridges, mes coups avaient un meilleur “pop”.
Le combat avec Ebanie Briges, j’y allais pour gagner. Je savais aussi comment ça se passait avec Matchroom. Parce que la 1ère fois j’étais impressionnée : les videos, le ring, les spectateurs, tout ça, c’est excellent. J’étais un peu surprise, je ne savais pas si je méritais ça, et je me disais waouh qu’est ce qui m’arrive ?! Avec Ebanie Bridges, j’étais prête pour ça, j’étais très contente d’y retourner et il n’y avait plus le côté découverte. Je savais pourquoi j’étais là et je savais ce que je devais faire.
LE MENTAL COACH CORNER
Il y a toujours des inconnues dans une compétition, mais ne laissez pas la victoire au hasard !
Les athlètes arrivent souvent physiquement bien préparés pour leur compétition, mais ils ne préparent pas souvent de stratégie adaptée à leurs atouts et à leurs désavantages. Sous pression, ils peuvent oublier leur plan de match ou ne pas avoir de plan B, lorsque le plan A échoue. Pour que vous ne vous retrouviez pas dans une impasse, préparez une stratégie d’adaptation avec votre Mental Coach, pour avoir un as dans votre manche pour la prochain compétition.
Il est naturel, que lors d’une compétition importante, l’esprit d’un athlète se disperse vers ce qui est en jeu, le public, la renommée... Le problème est que pendant la compétition, votre esprit doit être concentré à 100% sur votre performance. Et c’est plus facile à dire qu’à faire, quand on est stressé. Il suffit d’une seconde pour être mis KO pendant un match de boxe ou pour que votre adversaire marque un but pendant un match. C’est pourquoi votre Mental Coach vous donnera une boîte à outils complète pour développer une concentration aiguisée et rester au top de votre jeu.
Pour le combat contre Ebanie Bridges, tu t’es entraînée avec Myriam Lamare (Championne du monde super-légers WBA, WBF, IBF, 22 victoires, 4 défaites. 10 victoires par KO). Comment TON COACH a-t-elle contribué à faire de toi un meilleur boxeur ?
Comment mon coach va me parler dans le ring, ça joue énormément. Myriam est très nature, elle se donne pleinement. Myriam m’a aidé en disant « c’est bon, t’es prête, tu n’es plus la Maïlys d’il y’a deux mois. Ça va bien se passer. Si tu fais ce que je t’ai appris pendant deux semaines, ça passe ». Alors j’y suis allée sans peur. Pendant le combat, je l’entendais hurler dans le ring et, chaque fois, j’étais félicitée quand je faisais un truc bien. J’étais encouragée comme jamais je n’ai été encouragée. C’était fabuleux ! Je me suis transcendée à ce moment-là
Pour me préparer au combat contre Ebanie Briges, je me suis entrainée avec Myriam pendant 8 mois. Je travaille avec elle comme dans un camp d’entrainement, avec des stages de une ou deux semaines, c’est intense. On cherche quelque chose de nouveau. Je veille à être toujours prête physiquement, pour pouvoir faire tout ce qu’elle demande. Myriam m’apprend des trucs que je passe ensuite des heures à répéter, pour que mon corps assimile l’info.
Une notion en boxe, qui ne se retrouve pas dans tous les sports, c’est la notion de fatigue. Au début on arrive à faire des trucs incroyables, mais petit à petit, plus le combat avance, plus on retombe sur nos automatismes et donc si ce que l’on a appris n’est pas un automatisme, il s’efface au cours du combat et c’est là que les erreurs arrivent, et que les KO arrivent.
LE MENTAL COACH CORNER
L’automatisation des compétences est l’un des principaux facteurs de succès, mais peut être négligé par les athlètes. Pour exceller en compétition, les athlètes doivent développer un état d’esprit axé sur la performance, qui se caractérise par la capacité de performer librement et intuitivement en s’appuyant sur la mémoire motrice et en réagissant instinctivement.
Mais combien de temps faut-il pour acquérir une nouvelle compétence et comment atteindre une performance qui soit naturelle sans penser à la façon de le faire? Votre Mental Coach vous aidera à élaborer un plan pour automatiser vos compétences et développer un état d’esprit axé sur la performance.
Pendant ton combat avec Ebanie Bridges, il semblait que tu étais parfois UN PEU HÉSITANTE. QUAND TU FAIS FACE À DES DIFFICULTÉS, EST-CE QUE CELA T'ARRIVE DE DOUTER DES TES CAPACITÉS?
Ouais, il y avait grave quelque chose comme ça, parce qu'il y a quelque chose de très animal, et en même temps il y a des règles à respecter. La boxe, ça n’est pas une bagarre de rue. Il y a des moments où j’étais un peu tiraillée. Si on regarde les deux premiers rounds, je les ai perdus parce que je travaillais ce que l’on m’avait dit de travailler, point.
J’attendais de voir comment ça se passe. Alors qu’Ebanie, elle, a commencé à essayer de me rentrer dedans et de me taper un peu fort, parce que son but à elle, c’était de me détruire. Elle, c’est bon, elle a compris le principe ! (rires). Mais à un moment elle m’a tapé un fort et c’est là où j’ai commencé à partir en vrille, et j’ai commencé à la boxer vraiment. Et dans les derniers rounds, j’avais capté qu’elle avait mal à la main, là je me suis dit il faut y aller, il faut commencer à lui rentrer dedans. J’ai senti qu’elle était fatiguée et j’ai pris l’ascendant.
Dans le ring, j’essaie d’écouter les avis que l’on me donne, mais parfois je ne vois pas comment ça fonctionne. Je suis une personne qui a besoin de comprendre et donc je demande toujours pourquoi, comment, et ça fait perdre du temps à tout le monde. Alors que, si je faisais ce que l’on me demande, peut être que je le ferais mal plusieurs fois mais ça finirait par passer. Je ne suis peut-être pas assez bête et disciplinée pour être un boxeur (rires).
Pendant le match avec Ebanie, parfois je n’avais pas la solution. Myriam criait “uppercut”, j’envoyais ça ne servait à rien. Mais quand j’ai regardé la vidéo du match, je me suis dit : c’était ça! J’avais peur de faire une main ouverte, c’est pourquoi je n’ai pas osé.
Mon côté animal se déclenche quand je réalise “ok, mon adversaire me veut du mal, elle est pas gentille” (rires). C’est l’état d’esprit dans lequel j’étais avec Ebanie Bridges et j’en ai tiré des leçons. Maintenant je me prépare mentalement pour ne pas retomber dans ce cas de figure où j’attends pendant deux rounds alors que j’ai clairement l’avantage pour prendre tous les rounds et pour épuiser mon adversaire.
Le physique c’est ma qualité première et là j’avais trop fait de technique et oublié l’aspect physique. J’ai retravaillé dessus et essayé d’exploiter l’aspect animal. Je n’attends plus de voir ce qui se passe. Il n'y pas le temps. Non, je vais faire mon travail et toi tu vas devoir t’adapter à mon travail. Point. C’est ce que j’ai fait lors de mon dernier combat et ça s’est vachement mieux passé.
LE MENTAL COACH CORNER
Beaucoup d’athlètes réussissent mieux à l’entraînement qu’en compétition. La pression liée à l'adversité les fait parfois trop réfléchir et douter de leur performance, ce qui ralentit leurs mouvements et les fait jouer de façon hésitante.
L’état d’esprit durant l’entraînement et durant la compétition est très différent : l'entraînement est un moment idéal pour découvrir, expérimenter et demander pourquoi, afin d’améliorer vos compétences pour la compétition. La compétition, en revanche, est le moment pour vous de faire confiance à vos compétences et de compter sur votre instinct, et de jouer avec les compétences que vous avez ce jour-là.
La boxe est un bel exemple de la nécessité d’adopter une mentalité compétitive, d’imposer sa volonté à son adversaire, afin d’obtenir la victoire. Vérifiez avec votre Mental Coach comment être décisif, comment vous engager pleinement dans l'épreuve et déclencher votre état d’esprit de combattant!
CROIS TU QUE L'AGRESSIVITÉ, LE "KILLER INSTINCT" SOIT NÉCESSAIRE POUR RÉUSSIR EN BOXE? A QUEL POINT L'ASPECT PSYCHOLOGIQUE EST-IL IMPORTANT EN BOXE?
Ça dépend des personnes. Certains boxeurs vont être dans le jeu, comme un chat avec une souris. C’est juste un jeu, je te touche, tu ne m’as pas touché. S’il y a deux boxeurs qui sont joueurs l’un en face de l’autre, ça va être un match technique où ils vont jouer à qui est le plus rapide, qui va surprendre l’autre avec des feintes. Alors que si ce sont deux boxeurs qui sont physiques ça va être du style “tu m’as tapé fort, moi je vais te taper encore plus fort”. Moi, j’ai besoin à un moment de vriller et de lâcher les chevaux, sinon je reste sur ce côté respectueux à travailler techniquement et à attendre de voir comment ça se passe. J’ai besoin d’avoir le moteur.
Les deux styles sont très intéressants et je ne pense pas qu’il y ait un style qui gagne sur l’autre. Le joueur ne va jamais perdre le contrôle ni s’emballer, et il va rester dans sa concentration sans jamais s’épuiser. Alors que quand c’est physique il y a moyen de tomber dans une phase d’épuisement, d’abandon et de prendre des coups et de se mettre à douter. On peut se demander “Mince peut-être que l’autre est meilleure que moi physiquement". Ça va être un peu plus en dent de scie. Les deux styles ont leurs avantages et leurs inconvénients.
Si physiquement t’es au-dessus de l’autre tu vas pouvoir t’en sortir physiquement, l’autre va flancher et tu vas pouvoir prendre l’avantage mentalement. Même si à la base tu n’es pas confiant. Mais si tu as deux personnes du même niveau, et tu en as un qui arrive gonflé à bloc mentalement, c’est celui-là qui va prendre le dessus. Le physique tu en a toujours besoin. Mais le mental avant tout !
LE MENTAL COACH CORNER
Alors que ses détracteurs croient que la boxe ne repose que sur des instincts brutaux et voient juste un sport qui implique deux personnes qui se battent à mort, les amateurs de boxe croient que la boxe demande de la logique et de la science et l’appellent The Sweet Science (la douce science).
La boxe est un jeu psychologique et est souvent comparé aux échecs. En effet, si la boxe exige que les combattants soient féroces, elle exige aussi que les boxeurs soient tactiques dans leur approche pour analyser et vaincre leur adversaire.
Une approche scientifique de la boxe peut amener un combattant à la victoire. Vérifiez avec votre Mental Coach, comment fixer des objectifs et élaborer une stratégie pour gagner un avantage mental sur votre adversaire.
Être un champion, c’est non seulement être supérieur physiquement, mais aussi être préparé mentalement.
QUELLES COMPÉTENCES PHYSIQUES ET MENTALES SONT IMPORTANTES POUR ETRE UN BON BOXEUR?
La boxe est un art, c’est quelque chose qui vient de soi. En boxe, quand je coach, je vois que l’on peut toujours faire les choses d’une certaine façon ou d’une autre. Il s’agit de trouver ce qui nous va bien. La magie des vidéos c’est qu’on peut regarder les autres faire, on se l’approprie, on s’imagine le faire et on l’intègre. C’est une manière si facile de se développer en boxe.
Je pense qu’il n’y a pas de qualités intrinsèques, toi tu as des qualités et tu dois les exploiter et minimiser tes défauts pour pouvoir te développer comme un boxeur unique, et ne pas faire que du style Mayweather ou untel. Moi, on m’avait dit de regarder Marcel Cerdan, mais je ne suis pas taillée comme Marcel Cerdan (rires). Connaitre tes qualités te donne un énorme avantage sur un autre boxeur qui est meilleur potentiellement mais ne réalise pas son avantage.
LE MENTAL COACH CORNER
Une des choses les plus exaltantes dans le sport, une fois que vous avez maîtrisé toutes les bases, c'est de développer votre propre style. Considérant vos atouts naturels, vos prédispositions, la clé est de comprendre comment vous pouvez devenir plus efficace, et réaliser votre potentiel.
Même si cela peut paraître étrange, techniquement, si c’est efficace, gardez-le. Comme un entraîneur de boxe m’a dit une fois "N'importe, si ça fonctionne, ça fonctionne". Le meilleur exemple en boxe est de regarder Muhammad Ali et Mike Tyson. Le premier était trop léger pour un poids lourd, le second trop petit. Ils ont donc tous deux développé un style qui minimisait leurs faiblesses et maximisait leurs atouts, l’un "se déplaçant comme un papillon et piquant comme une abeille" et l’autre, prenant d’assaut ses adversaires avec une puissance explosive.
Travaillez avec votre Mental Coach sur l’établissement d’objectifs et l'entrainement efficace pour devenir la meilleure version de vous-même!
En tant que femme, est-ce que tu as a été confrontée à des préjugés, TEL QUE la femme est CONSIDÉRÉE comme le « sexe faible », ou à des personnes qui t’ont dit « tu sais la boxe c’est pas pour les filles » ?
J’étais une petite fille un peu lambda et la boxe c’est ce qui a construit mon identité, c'est ce qui m’a permis de me sentir légitime aux yeux des autres. J’avais le sentiment d’avoir enfin le droit d’exister à partir du moment où j’étais championne de boxe. Après je n’ai pas pu m’en détacher très facilement.
J’ai fait une pause de 4 ans mais ensuite je me suis rendu compte que c’est une part de moi. C’est quelque chose qui me fait du bien, que j’aime partager et qui véhicule des bonnes valeurs. Donc j’y suis retournée parce que j’étais douée pour ça, que ça me plait et que j’en avais besoin.
Oui, j'ai été confrontée à des préjugés et j’avais cette colère contre ce monde qui me considérait comme l’autre, comme un garçon manqué. Je pense que cela me nourrit. Je boxe pour me venger des injustices que je peux vivre, et je pense qu’en grandissant, je vais pouvoir trouver ma place sans avoir à me justifier, sans avoir à me questionner.
J’ai eu de la chance, parce qu’il y avait déjà des filles quand je suis arrivée dans mon club de boxe, dont ma sœur qui a atteint les championnats de France. Mais c’est vrai que c’est un sport où il y a majoritairement des hommes et donc à partir du moment où tu veux faire de la compétition, tu es obligée de faire du sparring avec des hommes. Alors tu pars avec des désavantages : tu as plus de graisse, tu n’as pas beaucoup de testostérone, c’est chiant (rires) et du coup on ne sait jamais où on se trouve. Sur une échelle de performance, tu sais qu’en gros t’es « à peu près là ».
Quand j’étais petite il y avait plein de fois où je rentrais chez moi en étant triste, parce que je m’étais fait laminée à l’entrainement, ce qui était forcément normal pour une gamine, face à des hommes plus grands, plus gros - des mecs quoi - mais il y a des moments où je l’ai tout de même mal vécu.
Le bon côté c’est qu’en compétition, c’était facile d’être face à mes adversaires parce que c’était des filles. Petite, je ne maitrisais pas ma force, j’avais déjà ce naturel de foncer vers l’avant, d’étouffer l’adversaire parce que c’est là que j’étais en sécurité. J’avais l’habitude de rentrer dedans et d’être assez proche et donc le seul moyen que mes adversaires avaient de me faire reculer, c’était de m’envoyer des coups assez lourds. Les mecs essayaient de faire gaffe mais à la fin, je ne leur laissais pas le choix, parce que mon seul moyen de survivre c’était d’être proche.
LE MENTAL COACH CORNER
La beauté du sport est qu’il défie les stéréotypes de genre, crée de l'inspiration, et montre les hommes et les femmes comme égaux. Des réalisations remarquables, comme les récents combats de Katie Taylor, Mikaela Mayer, Amanda Serrano, Claressa Shields et Maïlys Gangloff sont maintenant plus souvent au centre du monde de la boxe.
Oui, en boxe, une femme peut avoir moins d’avantage physique qu’un homme de même poids. Génétiquement les muscles de l'homme sont généralement plus rapides et ont une puissance maximale plus élevée que les muscles féminins. Mais les muscles féminins sont généralement plus résistants à la fatigue et récupèrent plus rapidement, ou en d’autres termes, les femmes sont plus résilientes. Les hommes trainent dur et arrêtent quand ils ne peuvent pas aller plus loin. Les femmes continuent.
En boxe, comme dans les autres sports, il ne s’agit pas seulement de force, mais aussi de vitesse, de compétences, de stratégie, d’endurance et de volonté. Développer une mentalité forte est au cœur de la réussite pour les athlètes féminines qui veulent atteindre leur plein potentiel.
Cus D’Amato, l’entraineur de Mike Tyson, a dit: "la force de caractère bat le talent". QU'EN PENSES-TU?
Le talent c’est un truc insaisissable. Si tu as du talent, tu es imbattable. Mais ce qu’il y a de bien dans la force de caractère, dans le côté animal, c’est que techniquement tu n’es peut-être pas aussi parfait, mais ça développe une force. Je pense que pour pouvoir développer une force hors du commun, il faut être dans des moments où l’on n’a pas le choix. On peut alors générer une force incommensurable, une force qui n’est pas accessible à quelqu’un qui a du talent et qui est juste décontracté. Ça dépend de nombreux paramètres mais le talent et le caractère sont deux grosses forces. Si t’as l’un ou l’autre t’as moyen de t’en sortir quoi qu’il arrive. Mais pour réussir en boxe, je crois qu’en effet, il faut être dans un certain état d’esprit, un esprit de conquête.
LE MENTAL COACH CORNER
Tous sports confondus, la boxe est le symbole par excellence de la lutte contre les obstacles et les revers de la vie, la recherche de l’adversité, l’apprentissage par la défaite et l’élévation de l'homme vers son meilleur potentiel.
La force de caractère peut battre le talent. Le "côté animal", la "faim", "le feu intérieur", les boxeurs ont différentes façons de l’appeler, mais c’est cette puissance intérieure, cette force mentale qui pousse un athlète et lui permet d’atteindre la grandeur.
Les athlètes passent beaucoup de temps à répéter leur mouvement, à perfectionner leurs habiletés, à développer leurs muscles, mais passent peu ou pas de temps à travailler sur leur force mentale, sans se rendre compte que c'est là que réside leur principal atout. L’esprit reste un territoire inconnu dans le sport. En conséquence, ce qui se passe dans l'esprit d'un athlète pendant la compétition est souvent un combat interne entre le trac, les doutes, les distractions et autres tempêtes intérieures, et ainsi un athlète peut devenir son pire ennemi.
Vous avez le pouvoir sur vos pensées. La performance mentale, c’est comprendre pourquoi vous pensez, ressentez et agissez comme vous le faites, c'est vous aider à bâtir sur vos forces et vos faiblesses, et découvrir ce qui fait votre caractère unique en tant qu’athlète. FORZA MENTAL PERFORMANCE est là pour vous faire passer au niveau supérieur et vous aider à atteindre votre performance maximale.
VICTOIRE
Championne européenne poids coq
Félicitations à Maïlys Gangloff pour sa victoire et son titre européen !
MAÏLYS
GANGLOFF
Crédits photos : ©Maïlys Gangloff